.O.
29/08/2020
Attendu comme le messie, le dernier film de Christopher Nolan avait la lourde charge de relancer la fréquentation des salles de cinéma françaises lors de cette reprise post CoviD19. Le réalisateur, digne successeur de Steven Spielberg, est suivi par les professionnels depuis un bon moment mais ses films ne m'ont pas toujours convaincu : de "Memento" au "Prestige" en passant par "Inception" ou "The Dark Knight" il y a eu de belles réussites mais je suis bien plus réservé sur "Insomnia", "Batman Begins", "Dunkerque" ou "Insterstellar".

De quel côté de la balance penche ce "Tenet" ? J'ai traîné Marianne à l'UGC Normandie pour voir le film dans les meilleures conditions possible, cette magnifique salle permettant de ne pas être assourdi par le son (c'est fou, depuis un mois lorsque je vais au cinéma, je peux vous dire quand la salle d'à côté diffuse "Tenet" car les murs tremblent et de nombreuses connaissances se sont plein du volume sonore lors de leur séance !) et d'être une des rares à Paris à projeter le film dans son format original (le 70mm) et à avoir des fauteuils confortables (ce qui compte lorsqu'on s'embarque pour 2h30 de projection).

Et le film dans tout cela ? Une affaire de 10 minutes (le fameux "Ten" que vous pourrez écrire à l'envers en "neT" et qui donne son titre au long métrage), une affaire de couleurs (le bleu, le rouge, le vert pour marquer les différents univers) et surtout une affaire d'esbroufe car si l'on vous parle d'entropie et de quelques concepts scientifiques, le film vise plus un scénario à la James Bond (= on en met plein la vue avec quelques gadgets improbables qu'on ne cherche pas à décoder) que d'un véritable film scientifique.

De fait nous passons par les 4 coins du monde et une femme sera au coeur des actions du héros. Vous avez sûrement compris qu'il est question de diverses temporalités et c'est là que le bât blesse. Quand des changements se font dans le passé, le présent est-il impacté ? Il me semble naturel de donner une réponse positive à cette question mais le film préfère nous donner des "étaux temporels" imbriqués les uns dans les autres pour faire monter la tension, faire perdre pied au spectateur et finalement se concentrer sur l'action plutôt que sur la réflexion.

Tout est réfléchi et je ne doute pas une seconde que Christopher Nolan et ses collègues scénaristes aient polis l'intrigue du mieux qu'ils le pouvaient. A priori cela repose sur le "carré sator" : la première scène du film se déroule dans un opéra , un des personnages, un milliardaire et marchand d'armes russe se nomme Sator. Le personnage principal retrouve une peinture de Goya qui s'est avérée être une copie et dont l'auteur s'appelle Arepo. Il existe dans le film une entreprise appelée Rotas.

Tout est donc calibré et le casting est plutôt bon avec le fils de Denzel Washington que j'ai découvert à cette occasion et Robert Pattinson dans un rôle assez différent de ce qu'il nous propose d'habitude. Comme souvent dans ce genre de film, c'est du côté du "méchant" que le bât blesse. Kenneth Branagh en fait des tonnes et il parle plus que ce qu'il n'agit. Remarquez, je dis cela mais on le voit peu à l'écran et cela manque souvent de finesse. Il est méchant mais il a une excuse et finalement il sera trahi par son petit coeur en sucre... Pfew...

C'est bien l'un des gros problèmes de Tenet : il verse davantage du côté des jeux vidéo avec "vies illimitées" plutôt que du côté des films qui demande de faire fonctionner le cerveau. A Mille lieux d'un Memento dont la séance ciné m'avait passionné, je suis cette fois sorti du cinéma en me disant "tout ça pour ça".

Bref, "Tenet" joue dans la cour des pétards mouillés. Du style de ceux qui font quand même un beau boucan mais qui impressionnent plus quand on en entend parler que lorsqu'on le découvre. Il n'es pas désagréable à regarder, presque un poil fatigant sur la longueur mais surtout il est bien moins original que ce qui était annoncé. C'est dommage mais dans le genre "film d'action à grand spectacle" il remplit le cahier des charges ce qui lui évite un gadin plus prononcé au niveau de ma notation. J'admire ceux qui auront fait un second tour de manège car malgré la carte illimitée, un seul m'aura largement suffi et j'attends maintenant le James Bond 23 en fin d'année (s'il n'est pas repoussé en 2021 d'ici là) pour voir réellement où positionner "Tenet" dans mon classement de fin d'année ;-)
.O.